Vers un nouveau protocole:Accord sur une liste des polluants organiques persistants (POPs)
24 janvier 1997
"Nous venons de franchir une étape décisive pour l'élaboration
d'un protocole sur les polluants organiques persistants (POPs)", déclare
Monsieur Lars Nordberg, directeur adjoint de la Division de l'environnement
de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU),
lors de la clôture de la réunion qui s'est tenue du 20 au 24
janvier 1997 à Genève. "La liste des POPs à inclure dans
un tel protocole n'était pas facile à établir car de
nombreux intérêts sont en jeu". En effet, si les POPs sont des
produits dangereux pour l'être humain, ils sont aussi des produits utiles
pour l'agriculture et parfois même pour la santé. "C'est pourquoi
il a fallu dans bien des cas utiliser la force des arguments scientifiques
pour convaincre de la nécessité de mettre certains produits
sur cette liste", poursuit Lars Nordberg. (C.f. liste)
L'accord qui vient d'être négocié concerne une liste de 15 POPs qui devraient être inclus dans
le projet de protocole: aldrine, chlordane, chlordécone, DDT (+ DDD + DDE), dieldrine,
endrine, heptachlore, hexabromodiphényle, hexachlorobenzène, mirex, HAP, PCB, PCDD
(dioxines), PCDF (furannes) et toxaphène. Les paraffines chlorées à chaîne courte, le lindane et
le pentachlorophénol nécessiteront, quant à eux, un examen plus poussé avant d'être inclus
dans cette liste (cf. Annexe).
Que sont les POPs? Les POPs entrent dans trois grandes catégories: les produits chimiques
industriels (par exemple, les PCBs), les sous-produits ou contaminants (par exemple, les PAH)
et les pesticides (par exemple, le DDT). Les POPs ou polluants organiques persistants sont des
produits chimiques qui demeurent actifs pendant très longtemps. Certains sont solubles dans
les matières grasses, mais pas dans l'eau. Pour cette raison, ils sont facilement absorbés par
les plantes, les poissons et d'autres animaux, et sont difficiles à éliminer. Comme la plupart des
POPs sont semi-volatiles, ils peuvent se déplacer dans l'atmosphère sur de longues distances
avant de se déposer. Ils sont aussi bio-accumulatifs, ce qui signifie que leur concentration dans
les tissus graisseux a tendance à augmenter. Leur concentration s'accroît également dans la
chaîne alimentaire. Par exemple, bien qu'il y ait peu de PCB ou de DDT dans certains lacs, il
n'en demeure pas moins que ces deux produits s'accumulent dans les tissus graisseux du
plancton. Les poissons qui se nourrissent de ce plancton vont à leur tour concentrer le PCB ou
le DDT, de même que les oiseaux qui mangent ce poisson, un processus qui se répétera ainsi
tout au long de la chaîne alimentaire jusqu'à l'assiette du consommateur.
A forte concentration, ces substances ont depuis longtemps été associées à des effets
carcinogéniques ou d'autres effets sur la santé de l'homme. Plus récemment, des liens plus
subtils ont été mis en évidence entre des concentrations beaucoup plus faibles dans
l'environnement suite des dépôts liés à la pollution atmosphérique transfrontière à longue
distance. Parmi ces effets sur la santé, il faut noter la diminution des barrières immunitaires,
des déficiences intellectuelles et des malformations à la naissance. "C'est la raison pour laquelle
il est urgent de développer ce protocole", conclut Lars Nordberg.