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Sécurité routière : le Cameroun doit redoubler ses efforts et mettre en œuvre une coordination renforcée

M. Jean Todt, Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Sécurité Routière, a présenté aujourd’hui à Yaoundé l’Évaluation de la performance en matière de sécurité routière du Cameroun, qui présente une analyse des progrès et des défis en matière de sécurité routière du pays.  C’est le deuxième pays africain à bénéficier de cette expertise après l’Ouganda. 


Le Cameroun enregistre en moyenne 16 583 accidents de la route chaque année, qui tuent plus de 1 000 personnes, selon les chiffres officiels et plus de 6000 selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).   

Malgré une baisse du nombre d’accidents depuis 2012, grâce en particulier à une intensification de la sensibilisation des usagers et des activités de surveillance, de contrôle et de répression, le nombre de morts sur les routes s’est accru sur la période 2008-2014, en raison de l’augmentation du parc automobile (évalué à 675 000 véhicules en 2014) et de la gravité des accidents enregistrés.


Ce coût humain est dramatique. En outre, le coût économique qui en découle est estimé à près de 100 milliards de francs CFA par an, soit l’équivalent de 1 % du PIB. Comparées aux urgences de développement du pays, ces pertes représentent chaque année, en termes de réinvestissement perdu, l’équivalent d’environ :


• 10 000 salles de classe 

• plus de 250 kilomètres de routes bitumées 


• huit hôpitaux de référence - soit de quoi doter toutes les régions du pays en hôpitaux de référence en deux ans.


Il est donc urgent pour le Cameroun de redoubler ses efforts pour améliorer la situation de la sécurité sur les routes. Telles sont les principales conclusions de l’Évaluation de la performance en matière de sécurité routière (EPSR) du Cameroun, présentée lors d’un atelier national tenu à Yaoundé les 23 et 24 août 2018, dans le cadre du suivi de la décennie d’action pour la sécurité routière instituée par l’Organisation des Nations Unies (ONU).


L’Evaluation, réalisée par le Ministère des transports sous la supervision de la Commission économique pour l’Europe (UNECE) et en collaboration avec la Commission économique pour l’Afrique (CEA), présente une analyse holistique des progrès et des défis en matière de sécurité routière du pays. 


L’Envoyé spécial du Secrétaire-General des Nations Unies pour la sécurité routière, M. Jean Todt, a incité les acteurs du pays à renforcer leurs efforts en ces termes : « Cette Evaluation montre une réelle volonté politique des autorités camerounaises d’améliorer la situation, mais elle identifie aussi d’importants obstacles à surmonter. En analysant l’ensemble des facteurs afin de proposer des actions prioritaires, ces Evaluations, que nous entreprenons à la demande des gouvernements, peuvent constituer un soutien indispensable à l’amélioration de la sécurité routière au niveau national. Nous espérons que celle-ci contribuera à l’amélioration de la sécurité sur les routes du Cameroun, y compris à travers la mise en œuvre des instruments juridiques dédiés des Nations Unies. »  


M. Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, Ministre du Transport du Cameroun a pour sa part réaffirmé la volonté politique du pays manifesté au plus haut niveau par le Chef de l’Etat M. Paul Biya, qui a engagé le gouvernement à mener une lutte sans merci contre les accidents de la route : « A cet effet, nous nous engageons à la mise en œuvre progressive desdites recommandations, avec en priorité, le renforcement de la coordination par la mise en place d’un organisme opérationnel autonome ainsi que  des organes consultatif et d’experts; le renforcement de la répression et l’amélioration de la législation, y compris l’internalisation des instruments juridiques des Nations Unies qui inspirent d’ailleurs déjà tous les textes nationaux et régionaux en vigueur au Cameroun ; l’assainissement du parc automobile par son rajeunissement ; la poursuite de la réforme du circuit d`obtention et de délivrance du permis de conduire et l’intensification de la sensibilisation. »


En effet l’Evaluation met en exergue les nombreuses actions entreprises depuis l’adoption en 2009 d’une Stratégie nationale de prévention et de sécurité routières, dont l’application a toutefois été parcellaire.


Parmi les actions prioritaires identifiées, l’ESPR recommande de mettre en place de manière effective le Comité national pour renforcer la gestion et la coordination de la sécurité routière. Elle conseille également d’établir des organes indépendants sous la tutelle du Ministère des transports, dont un comité interministériel de coordination (organe politique), un comité de pilotage (comité d’experts) et un office de sécurité routière (agence d’exécution). 


L’Evaluation souligne également l’importance de ratifier et de mettre en œuvre les instruments juridiques des Nations Unies sur la sécurité routière. Ceux-ci peuvent mener à des résultats concrets sur de nombreux plans, que ce soit en matière de circulation et de signalisation, du comportement des conducteurs, ou des règlements pour améliorer la sécurité des véhicules et de leurs occupants. 


Les accidents en zones interurbaines sur la période 2008-2014 étaient dus à trois causes majeures :  l’inattention et la distraction des conducteurs (30,67 %), l’excès de vitesse (19,97 %) et le défaut de maîtrise des conducteurs (18,53 %). Pour remédier à cette situation, l’Evaluation recommande d’accélérer la réforme du programme de formation à la conduite automobile, de sensibiliser les différents usagers de la route, et de systématiser et renforcer les sanctions pour les comportements à risque.


Le réseau routier du pays, qui assure 85 % des besoins en transport du pays, souffre, parmi d’autres problèmes, d’un déficit de signalisation et de traçage, de fissures, de nids de poule, d’une mauvaise évacuation des eaux de pluies, d’absence de trottoirs et de pistes cyclables, et de désordre en ce qui concerne le stationnement.


Des ressources importantes ont été mobilisées pour le développement de la sécurité sur les routes à travers le Fonds routier du pays, dont la contribution s’élève à près de 2,5 milliards de francs CFA par an depuis 2013. Cependant, ces ressources n’ont malheureusement pas été utilisées avec efficacité et efficience, parfois à causes de la rigidité des conditions d’éligibilité des mesures à financer. Par conséquent, l’ESPR conseille une utilisation plus adaptée des ressources du Fonds routier, qui serait enrichi par une mobilisation renforcée du secteur privé pour le financement de la sécurité sur les routes.


Afin d’être efficaces sur le terrain, les efforts en faveur de la sécurité sur les routes doivent impliquer divers acteurs au Cameroun. L’ESPR met donc en avant le besoin d’élaborer et mettre en place des cadres de partenariat pour permettre au secteur privé et à la société civile de s’engager davantage dans les actions. 


Le rapport complet est disponible à l’adresse suivante : PDF 

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