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Les autorités et experts libyens oeuvrent en faveur d'une gestion améliorée des eaux souterraines transfrontières au Nord-Ouest du Sahara

Le Système Aquifère du Sahara Septentrional (SASS) constitue l'une des réserves d'eau les plus importantes dans la région de l'Afrique du Nord. En grande partie non-renouvelable par nature, elle est partagée par l'Algérie, la Libye, et la Tunisie. Le développement économique et social des dernières décennies a exercé des pressions considérables sur cette ressource, et aujourd'hui, le débit de soutirage de l'aquifère excède plusieurs fois son taux de renouvellement. Si l'agriculture est l'utilisateur principal de l'eau au sein du bassin, l'eau occupe une place centrale pour le développement de tous les secteurs, d'où la nécessité d'une action collective pour relever les défis liés à l'eau. Il s'agit de renforcer la coopération et de concilier les perspectives sectorielles et nationales autour des objectifs de développement durable communs.


L'atelier de consultation libyen – qui a rassemblé une délégation constituée d'autorités et d'experts libyens dans le domaine de l'eau, de l'énergie, de l'agriculture et de l'environnement - constitue une étape nécessaire du processus plus large visant à améliorer la coopération transfrontière au sein du SASS et à renforcer les capacités nécessaires pour traiter les questions intersectorielles. Pour ce faire, M. Baruni, Directeur général de l'Autorité des ressources en eau de la Libye, a souligné le rôle fondamental des cadres tant institutionnels que juridiques pour la gestion de l'eau, ainsi que les défis que présente leur harmonisation d'un pays à l'autre et leur mise en œuvre et exécution au niveau national.


Cette aspiration est appuyée par une évaluation participative des échanges et des synergies intersectorielles ("interactions") dans la gestion du SASS, menée par le secrétariat de la Convention sur l'eau assuré par la CEE-ONU, le Partenariat mondial pour l'eau-Méditerranée (GWP-Med) et l'Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), en étroite coopération avec les autorités compétentes des pays partageant l'aquifère, ainsi que le mécanisme de concertation du SASS.


Les participants à l'atelier ont examiné les résultats préliminaires d'une analyse multi-sectorielle du SASS, et ont proposé des mesures ciblant trois grands objectifs qui devront être réalisés simultanément :


  • La modernisation de l'agriculture et l'augmentation de son efficacité et de sa viabilité, notamment par la promotion des produits locaux et le renforcement des groupes de jeunes et de femmes ;
  • La préservation des ressources en eau souterraines et la rationalisation de l'utilisation de l'eau, notamment en ayant recours aux ressources hydriques non conventionnelles ; et
  • Le développement durable du secteur de l'énergie, notamment par la promotion des énergies renouvelables pour la gestion de l'eau et le dessalement.

Les participants ont apporté plus de détails sur les ensembles de solutions multisectorielles et leur possible mise en œuvre au niveau national et transfrontière. Ces solutions ont été formulées sur la base de défis intersectoriels et multisectoriels affectant le bassin et qui ont été conjointement identifiés au cours d'un atelier antérieur rassemblant des parties prenantes issues des 3 pays. Les participants ont notamment examiné la nécessité d'investir de manière intégrée dans l'eau, l'agriculture, l'énergie et la protection environnementale, dans le but ultime d'élaborer une stratégie de développement cohérente pour la région du SASS.


Plusieurs moyens d'apporter des améliorations possibles ont été priorisés :
  • La stratégie de l'eau libyenne devra refléter de nombreuses solutions identifiées, notamment celles liées à la promotion de mesures pour l'utilisation efficace des ressources en eau et de technologies permettant d'économiser l'eau dans tous les secteurs ;
  • L’urgence de promouvoir des systèmes de production agricoles adaptés et diversifiés - en dressant un bilan des efforts antérieurs n'ayant pas permis de renforcer le secteur privé - tout en renforçant la sécurité foncière ;
  • La mise en place d’un dispositif de promotion des technologies solaires photovoltaïques (PV) à des fins diverses et la mise en valeur d’installations PV au niveau individuel pourraient changer la donne (à ce jour, aucun dispositif spécifique n'est en place pour les installations PV connectées au réseau) ;
  • La sensibilisation à l'environnement constitue une priorité tout aussi urgente pour la Libye, et cela comprend notamment la sensibilisation aux questions intersectorielles. Si cette sensibilisation est grandissante au niveau des ménages et de la société civile, les dirigeants et décideurs doivent néanmoins fournir des efforts supplémentaires afin d'élaborer des plans d'actions concrets et cohérents.

Le renforcement de la coopération pourrait générer de nombreux avantages pour les pays du SASS. La coopération dans le domaine des eaux transfrontières est une question de sécurité et constitue un moyen de prévenir les tensions transfrontières. La coopération permettant de faire face aux questions environnementales est nécessaire pour agir de façon efficace sur l'impact du changement climatique et prévenir les impacts négatifs sur la santé. La coopération a également le potentiel de développer le commerce régional de biens agricoles pour la sécurité alimentaire et de faire avancer la recherche agricole. Les cadres de coopération régionale pour l'énergie électrique peuvent contribuer à garantir la fiabilité de l'approvisionnement. Le mécanisme de concertation du SASS en place fournit un cadre de coopération entre les pays au niveau technique. Les résultats de l'évaluation des interactions pourraient être utilisés pour esquisser les possibilités d'action favorables au renforcement de la coopération concernant les solutions permettant de faire face aux enjeux prioritaires. Une étude des options de renforcement du cadre institutionnel pour le mécanisme de concertation du SASS est en cours et permettra aux pays de prendre une décision éclairée à cet égard. La coopération intersectorielle au niveau du bassin. Elle pourrait, par exemple, faciliter l'échange d'informations au niveau transfrontière au-delà du domaine de l'eau, pour informer les parties prenantes des différents développements sectoriels pertinents concernant le futur statut des eaux souterraines.


Des consultations sur l'évaluation des interactions sont actuellement en cours avec la Tunisie et l'Algérie, la prochaine étape immédiate consistant en l’organisation d’un atelier de consultation pour la Tunisie, qui se déroulera les 3-4 avril 2019, à Hammamet. Les résultats seront mis à profit pour l'atelier régional du bassin du SASS, prévu en juin 2019, à Tunis.


Par ailleurs, les autorités tunisiennes ont entamé le processus d'étude et de discussion concernant les avantages et obligations d'une éventuelle adhésion de la Tunisie à la Convention sur l'eau, qui est ouverte à l'adhésion de tous les États Membres de l'Organisation des Nations Unies depuis 2016. La Convention sur l'eau fait l'objet d'un intérêt grandissant dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique, où plusieurs pays se sont engagés dans le processus d'adhésion.

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