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Comment prévenir des conflits liés aux conséquences du changement climatique sur les ressources en eau?
La CEE-ONU publie les lignes directrices sur l’eau et l’adaptation aux changements climatiques

Geneve, 20 novembre 2009 --

Guidance on Water and Adaptation to Climate Change

Les pays doivent s’adapter aux changements climatiques sans attendre et ensemble ! C’est le message principal des « Lignes Directrices sur l’Eau et l’Adaptation aux Changements Climatiques », élaboré sous l’égide de la Convention sur la Protection et l’Utilisation des Cours d’Eau Transfrontières et des Lacs Internationaux. Celles-ci ont été adoptées par les 36 Etats Parties de la Convention à leur 5ème session (Genève, 10-12 Novembre 2009).

Les conséquences socio-économiques des changements climatiques sont énormes : entre 2000 et 2006, la fréquence des catastrophes dans le monde dues à des événements climatiques extrêmes a augmenté de 187 % par rapport à la décennie précédente et a causé la mort de 33,000 personnes et affecté 1.6 milliards de personnes (2000-2008). Pendant la même période, les dégâts économiques liés aux inondations et aux tempêtes sont estimés à 25 milliards de dollars (source : Centre for Research on the Epidemiology of Disasters).

La plupart des événements climatiques extrêmes sont dus à une pénurie ou à un excès d’eau. Comme les changements climatiques, l’eau ne respecte pas les frontières. Les pays doivent s’adapter- et coopérer. Les mesures d’adaptation, surtout les mesures structurelles comme les barrages, les réservoirs et les digues peuvent entraîner des conséquences néfastes sur les autres pays riverains. Que faire si un pays en amont d’une rivière construit de manière unilatérale un barrage pour retenir l’eau pour sa population pendant les périodes de sécheresse, mais que cela réduit drastiquement l’eau en aval ? Que faire si des traités de coopération transfrontière stipulent que les pays en amont du cours d’eau doivent délivrer une certaine quantité d’eau, mais que l’eau disponible est réduite à cause des changements climatiques ? Les lignes directrices expliquent comment éviter de telles situations et que faire si elles deviennent pourtant réalité: par exemple par le biais de consultations, d’échange d’informations, d’actions communes et en permettant aux institutions en charge de la coopération transfrontière de s’occuper de l’adaptation aux changements climatiques.

Dans la région de la CEE-ONU de nombreux cours d’eau traversent les frontières : on compte plus de 150 rivières, 50 lacs et plus de 170 aquifères transfrontières. Actuellement, la coopération transfrontière en vue de l’élaboration de stratégies d’adaptation est pourtant presque inexistante. Cela implique un danger bien réel pour la région de la CEE-ONU et le monde entier : que la diminution des ressources en eau liée aux changements climatiques augmente le risque de conflits. La coopération peut contribuer à identifier des solutions plus appropriées et efficaces en termes de coût en élargissant l’espace géographique considéré dans la planification des mesures, en élargissant la base de connaissances et par la combinaison d’efforts.

C’est pourquoi les lignes directrices ne sont pas seulement une publication comme des milliers d’autres : elles fournissent un cadre permettant d’élaborer par étapes une stratégie d’adaptation. Elles s’appuient sur le concept de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) et fournissent aux décideurs et aux gestionnaires de l’eau des outils pour évaluer les conséquences des changements climatiques sur la qualité et la quantité de l’eau disponible, l’évaluation des risques, y compris les risques pour la santé, et sur la manière d’élaborer de mettre en œuvre des stratégies d’adaptation appropriées. Plus de 80 auteurs différents de divers pays et disciplines ont contribué à l’élaboration de ces lignes directrices. Elles comprennent presque 40 études de cas qui illustrent par exemple comment des bassins comme le Danube et le Rhin se préparent aux changements climatiques.

Mais les lignes directrices ne peuvent apporter une solution que si sont effectivement utilisées et mises en application. Pour cette raison, les Parties de la Convention ont décidé de promouvoir la mise en œuvre des lignes directrices par le biais d’un programme de projets pilotes et d’un mécanisme d’échange d’expériences sur l’adaptation aux changements climatiques dans des bassins transfrontières. Des projets concrets seront mis en place pour promouvoir la capacité d’adaptation dans des bassins différents, surtout en Europe de l’Est, dans le Caucase et en Asie Centrale ainsi qu’en Europe du Sud-est. Actuellement, des projets pilotes sont envisagés pour le bassin du Dniestr, partagé par l’Ukraine et la République de Moldavie, et pour les bassins du Chu et du Talas, partagés par le Kazakhstan et le Kyrgyzstan.

Note aux éditeurs

Depuis son entrée  en vigueur en 1996, la Convention sur la Protection et l’Utilisation des Cours d’Eau Transfrontières et des Lacs Internationaux (Convention sur l’Eau) a constitué le cadre juridique contribuant à l’amélioration la gestion transfrontière des ressources en eau dans la région de la CEE-ONU. Actuellement, 35 pays et la Communauté Européenne sont Parties de la Convention : l’Albanie, l’Autriche, l’Azerbaïdjan, la Belgique, la Biélorussie, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la France, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, le Kazakhstan, la Lettonie, le Liechtenstein, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la République de Moldavie, la Fédération de Russie, la Slovaquie, la Slovénie, l’Espagne, la Suède, la Suisse, l’Ukraine et l’Ouzbékistan. La Convention a été amendée en 2003 pour permettre l’accès aux pays en dehors de la région.

Bien que le texte de la Convention sur l’Eau ne mentionne pas explicitement les changements climatiques, la Convention est un des cadres juridiques les plus importants en matière de coopération sur les aspects transfrontières des changements climatiques et sur les stratégies d’adaptation. Les Parties sont obligées de prévenir, maîtriser et réduire les impacts transfrontières, y compris les impacts liés à l’adaptation aux changements climatiques. Les Parties sont tenues de prendre toutes les mesures possibles pour gérer les eaux partagées de manière raisonnable et équitable, y compris en ce qui concerne l’adaptation aux changements climatiques.

La Convention inclut d’autres obligations importantes pour l’adaptation aux changements climatiques. Elle exige des Parties de fixer ensemble des objectifs en termes de qualité de l’eau et de définir des mesures pour atteindre ces objectifs. Elle exige aussi des Parties de suivre le principe de précaution qui implique dans le cas des changements climatiques de prendre des mesures avant même que les conséquences ne se manifestent. Les Parties sont tenues d’échanger des informations sur l’état environnemental actuel et futur des eaux transfrontières et sur les mesures prises et prévues pour prévenir, maîtriser et réduire l'impact transfrontière. La Convention mentionne également les obligations de consultation, de recherche-développement et de surveillance et évaluation commune. La Convention exige des Parties la conclusion d‘accords bilatéraux ou multilatéraux et la création d‘institutions communes qui constituent des forums appropriés pour l’adaptation aux changements climatiques. Les Parties sont tenues de mettre en places des systèmes d’alerte rapide, d’utiliser et d’échanger la meilleure technologie disponible et de se prêter  mutuellement assistance. Elles doivent également mettre à la disposition du public l’information sur l’état des eaux transfrontières, les scénarios futurs et les objectifs de qualité de l’eau.

La base de données EM-DAT sur les événements extrêmes a été établie en 1988. Elle contient des données essentielles sur l’occurrence et les conséquences de plus de 16.000 catastrophes dans le monde entier depuis 1900. Les données proviennent de diverses sources, y compris les agences des Nations Unies, les organisations non-gouvernementales, les compagnies d’assurance, des instituts de recherche et des agences de presse (The Office of Foreign Disaster Assistance/ Centre for Research on the Epidemiology of Disasters (OFDA/CRED) International Disaster Database, Université Catholique de Louvain, Belgique.
Site Internet : www.emdat.be)

Ref: ECE/ENV/09/P27