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L'EAU POTABLE EST-ELLE DANGEREUSE POUR LA SANTE ?
22 MARS: JOURNEE MONDIALE DE L'EAU

20 mars 1997

Beaucoup d'entre nous pensent à tort que l'eau est bonne pour la santé. Or, pour 110 millions d'Européens qui n'ont pas accès à l'eau potable, tel n'est pas le cas. Plusieurs pays de la région de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU) ont récemment fait rapport de réapparition de maladies que l'on croyait à jamais disparues d'Europe et ceci, à cause du manque d'eau potable. En Ukraine, par exemple, des cas de choléra ont été enregistrés. En Azerbaïdjan, ce sont des cas de malaria qui ont réapparu à travers le pays. Les problèmes de fuites dans les systèmes d'adduction d'eau ont été la cause de nombreuses hépatites A en Estonie ainsi que dans d'autres pays de la région. En Lituanie, les habitants de la capitale ne reçoivent que de l'eau désinfectée, mais qui ne subit pas les autres traitements nécessaires pour en faire une eau véritablement potable, ce qui engendre une concentration en fer et en manganèse beaucoup trop élevée. Les services de santé et de l'environnement à travers toute l'Europe sont très inquiets de la présence de polluants organiques persistants (POPs), de virus et de bactéries dans les eaux intérieures. "La Convention de la CEE-ONU sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux nous donne maintenant un instrument très sophistiqué pour surveiller et évaluer la qualité des ressources en eau européennes" affirme M. Kaj Bärlund, directeur de la Division de l'environnement de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU).

Pourquoi ce problème fait-il surface maintenant?

La plupart des pays d'Europe de l'Est avaient pour habitude d'imposer une censure sur les statistiques de morbidité et de mortalité. Il était donc difficile de voir les effets du mauvais état de l'environnement sur la santé des populations. Cette censure ayant été supprimée il y a quelques années, il est désormais possible de faire la corrélation entre environnement et santé. En outre, rares étaient les pays qui disposaient des institutions et d'une méthodologie pour établir ce lien.

Quelles sont les mesures prises par les gouvernements?

La Fédération de Russie, par exemple, avec l'aide de donateurs internationaux, met en oeuvre un projet de gestion de l'environnement destiné à créer une base juridique et institutionnelle pour améliorer la qualité de l'eau. Les problèmes rencontrés dans ce domaine dans les régions proches de la mer Noire de Buryatiya, Dagestan et Kalmykiya, et celles d'Archangelsk, de Kaliningrad, Kemerovsk, Kurgansk, Tomsk, Yaroslavel, et dans d'autres parties de la Fédération devraient prochainement être traités. La Fédération de Russie espère aussi améliorer la qualité des eaux de surface, dont est tirée 70% de l'eau potable. Ces eaux sont fréquemment très polluées par des eaux usées qui sont rejetées sans aucun traitement. Le système d'adduction doit, dans beaucoup de cas, être lui aussi complètement refait car de nombreuses fuites d'eau provoquent un accroissement des composés bactériens.

Quel est le rôle de la CEE-ONU?

Au niveau international, la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe va prendre avec le bureau européen de l'OMS, le PNUE et l'Union européenne un certain nombre de mesures. La CEE-ONU et ses Etats membres ont depuis de nombreuses années mis l'accent sur leurs activités dans le domaine de l'eau. Lors de la Conférence ministérielle de Sofia en 1995 "Un environnement pour l'Europe", ils avaient décidé de réduire la pollution de l'eau par des substances dangereuses. L'un des soucis majeurs était la présence de composés organiques persistants dans les eaux de surface. Ces composés, tels que l'aldrine, le dieldrine, les polychlorobiphényles (PCB) et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), peuvent provoquer des cancers et avoir d'autres effets négatifs sur la santé. Ces effets peuvent même être le résultat de concentrations relativement faibles ou d'écoulements en provenance de l'agriculture.

Dans le cadre de la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance, un protocole sur la réduction des POPs est en négociation. Les émissions dans l'eau en provenance de l'industrie et de l'agriculture pourront, elles, être traitées dans le cadre de la Convention sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux.

Quelles sont les étapes d'ici à l'an 2000?

Deux Conférences, la Conférence "Environnement pour l'Europe" au niveau ministériel de Aarhus en 1998 et celle de Londres de 1999 "Environnement et santé", examineront les progrès accomplis dans la protection des eaux et devraient se mettre d'accord sur des actions futures. C'est dans ce cadre que les pays membres ont demandé aux secrétariats de la CEE-ONU et de l'OMS de les aider à préparer un instrument international pour prévenir, contrôler et réduire les maladies liées à l'eau en Europe. Cet instrument devrait combiner les efforts faits pour protéger les ressources en eau, garantir une eau potable saine, aider les pays en transition à développer leurs ressources humaines dans ce domaine et canaliser l'aide internationale afin de résoudre les problèmes les plus pressants et protéger les ressources en eau. A l'occasion de la journée mondiale de l'eau de 1997, les experts dans le domaine de l'eau et de la santé de l'Europe entière se réunissent à Kiev pour bâtir les fondements d'une coopération paneuropéenne en vue d'éradiquer les maladies liées à l'eau dans la région.