LA CEE-ONU S'ATTAQUE AU PROBLEME DES ACCIDENTS INDUSTRIELS DANS LES PAYS EN TRANSITION
10 mars 1997
24 novembre 1996: une raffinerie de pétrole est en feu dans le nord-ouest de la République tchèque, à quelques dizaines de kilomètres de la
frontière allemande. Les équipes de secours mettront plusieurs jours à venir à
bout du sinistre. Les autorités allemandes seront tenues au courant tout au long
de l'évolution de l'incendie et se tiendront prêtes à intervenir.
Ce qui s'est passé il y a quelques mois s'est déjà produit dans plusieurs
pays d'Europe centrale et de l'Est. Les mesures de sécurité dans de
nombreuses usines de ces pays sont loin d'être ce qu'elles sont dans d'autres
pays européens, ce qui a pour double effet de mettre en danger les populations
riveraines et de nuire au commerce international.
Dans le cadre de sa Convention sur les effets transfrontières des
accidents industriels, la Commission économique des Nations Unies pour
l'Europe (CEE-ONU) va mettre en place un système de surveillance. Ce système
est basé sur la création de groupes d'experts. Ces experts vérifieront
systématiquement les installations industrielles qui présentent des risques aussi
bien écologiques que pour l'homme. Ils veilleront à ce que les normes de
sécurité internationales dans ce domaine
soient respectées pour les travailleurs comme pour les riverains et ce, que ces
derniers résident dans le même pays que les installations industrielles ou dans les
pays avoisinants.
Il est notoire que, pour attirer de nouvelles entreprises sur leur territoire,
certains pays ont eu tendance jusqu'à présent à se montrer moins exigeants en ce
qui concerne les normes de sécurité requises pour ces implantations. Ceci a eu
pour effet de réduire les coûts d'installation et de production des entreprises à
risques, tout en leur donnant un avantage comparatif.
La contrepartie de cette attitude est d'accroître les risques d'accidents non
seulement pour les ouvriers travaillant sur les sites et les populations alentour,
mais également pour les populations des pays riverains qui, eux, respectent les
normes de sécurité. Il en résulte une double charge pour les pays qui jouent le jeu
de la sécurité: confrontés à un handicap économique qui se manifeste par des
surcoûts de production qui désavantagent leurs produits à l'exportation, ils doivent
faire face à un risque de délocalisation des entreprises avec, à la clé, un
accroissement du chômage et une baisse de la production, sans que les risques
inhérents à cette production diminuent pour autant puisque, dans certains cas, elle
peut se déplacer de quelques kilomètres seulement de l'autre côté d'une frontière
plus accueillante.
La création de ces groupes d'experts internationaux par la CEE-ONU est une
innovation qui devrait renverser la situation actuelle et permettre une plus grande
sécurité pour tous. Réalisée en marge de la Convention sur les effets
transfrontières des accidents industriels, elle représente une façon pour certains
Etats membres de la mettre en oeuvre avant même sa ratification et de manifester
ainsi leur soutien à la Convention qui, au vu de l'évolution industrielle régionale,
devient une nécessité pressante.