les Russes prévoient une augmentation considérable des exportations de gaz
28 février 1997
DE NOUVELLES PREVISIONS ONT ETE PRESENTEES LORS D'UNE REUNION
DE LA CEE-ONU SUR LE GAZ
Selon un rapport de VNIIGAZ, les exportations de gaz de la Russie, qui est le
premier exportateur de gaz dans le monde, devraient quasiment doubler dans les
vingt prochaines années. Ce rapport, qui porte sur les faits nouveaux intervenus dans
l'industrie gazière russe en 1996 et sur les perspectives de ce secteur jusqu'en 2015,
a été présenté par Alexander Gritsenko, Directeur général de VNIIGAZ, branche de la
société russe GAZPROM chargée des activités scientifiques et de la recherche, à la
septième session du Groupe de travail du gaz de la Commission économique des
Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU), qui s'est tenue à Genève du 28 au 30 janvier
1997. Malgré le recul de l'activité économique en Russie, le secteur du gaz a
enregistré de bons résultats en 1996 et les perspectives semblent plus prometteuses
que jamais.
La production de gaz devrait augmenter de 55 % d'ici à 2015
VNIIGAZ prévoit que la production actuelle de la Russie fera un bond
de 55 % pour atteindre 929 milliards de m3 en 2015. Cette augmentation viendra
de deux nouveaux sites qui doivent être mis en exploitation au début du siècle
prochain : Yamal, où la production pourrait démarrer en 2005 et atteindre
250 milliards de m3 en 2015, et Gydan, un gisement situé au nord de Yamal,
qui pourrait être exploité après 2010 et dont la production devrait être de l'ordre
de 60 milliards de m3 en 2015.
La production de gaz de l'industrie pétrolière devrait également augmenter
sensiblement et passer de 25 milliards de m3 en 1996 à 75 milliards de
m3 en 2015. Il s'agit d'un renversement de tendance par rapport aux prévisions
antérieures et à l'orientation observée ces dernières années. Ce revirement
s'explique par trois raisons principales : premièrement, un certain nombre de
nouvelles installations de traitement du gaz seront mises en service, ce qui
permettra de récupérer des gaz associés qui étaient auparavant brûlés à la torche;
deuxièmement, on espère que dans l'avenir, les petits producteurs de gaz pourront
avoir accès aux gazoducs à haute pression de GAZPROM et qu'ils pourront ainsi
commercialiser leur gaz. Enfin, la production de pétrole devrait se stabiliser et
probablement remonter pendant la période prévue, ce qui se traduirait, en
définitive, par une augmentation des quantités de gaz associés.
En 1996, la production totale de gaz russe s'est élevée à 600 milliards
de m3, soit une légère augmentation par rapport à 1995 (+ 6 milliards de m3).
Pour la première fois depuis 1991, la courbe de la production est redevenue
ascendante. Le fléchissement observé depuis 1991 a pratiquement cessé
après 1994, grâce essentiellement à l'exploitation de nouveaux gisements dans les
régions de Yambourg, Youbileinoe et Komsomolskoe, qui représentent une
production annuelle supplémentaire de 50 milliards de m3.
Forte poussée des exportations de gaz
La Russie est le principal exportateur de gaz à destination de l'Europe
centrale et occidentale. En 1996, les exportations à destination de l'ensemble de
cette région se sont élevées à 124 milliards de m3, soit 6 % de plus (7 milliards
de m3) qu'en 1995. Les exportations à destination de l'Europe occidentale se sont
stabilisées (76 milliards de m3 en 1996 contre 75,1 en 1995), mais les
exportations à destination de l'Europe centrale ont augmenté de 13,5 % pour
atteindre 48 milliards de m3 (+ 6 milliards de m3). La Russie a en outre exporté
73 milliards de m3 vers l'Ukraine, le Bélarus, la République de Moldova et les Etats
baltes. Globalement, les livraisons aux pays d'Europe orientale, centrale et
occidentale (soit 197 milliards de m3 en 1996) représentent 33 % de la production
totale de la Russie et 40 % du commerce mondial du gaz.
En 2015, les exportations devraient atteindre environ 360 milliards de m3,
soit 39 % de la production totale de la Russie. L'Europe est le principal débouché
pour l'industrie gazière russe. Selon le Centre français d'information sur le gaz
naturel, CEDIGAZ, en 2020, la consommation du marché d'Europe occidentale et
centrale sera de 630 à 650 milliards de m3 par an, soit 50 à 60 % de plus
qu'aujourd'hui. Il est prévu que les exportations russes sur ce marché passeront
de 124 milliards de m3 en 1996 à environ 230 milliards de m3 en 2015. De même,
les livraisons à la Communauté d'Etats indépendants (CEI) et aux Etats baltes
devraient monter en flèche et passer de 73 milliards de m3 en 1996 à environ
130 milliards de m3 en 2015.
Les dernières prévisions sont très supérieures à celles qui avaient été faites
il y a tout juste un an. Dans son rapport de 1996, VNIIGAZ prévoyait un chiffre
total d'exportations d'environ 250 milliards de m3 en 2010, fin de la période sur
laquelle portait ce rapport, alors que dans le rapport de 1997, le chiffre prévu est
de 350 milliards de m3.
Les deux marchés ont fait l'objet d'une réévaluation. Pour le marché
européen, les prévisions de 1996 étaient de 140 milliards de m3 en 2010. Dans les
nouvelles prévisions, ce chiffre est passé à 232 milliards de m3. Pour le marché de
la CEI et des Etats baltes, on arrive avec la nouvelle évaluation à un chiffre de
127 milliards de m3, toujours pour 2010, soit une augmentation sensible par
rapport aux prévisions de l'an dernier (105 milliards de m3).
Ces réévaluations s'expliquent par deux raisons essentielles : la première
découle d'une étude de marché que GAZPROM a effectuée dans les pays
consommateurs de gaz de la CEI en tablant sur une stabilisation puis sur
un redressement de leur situation économique, ce qui déboucherait sur une
augmentation des besoins en énergie et en gaz et permettrait à ces pays d'être
à même de payer le gaz qui leur serait livré; la deuxième raison tient à une
appréciation plus optimiste des quantités de gaz pouvant être fournies par
la Russie.
Nouvelle stratégie pour développer la consommation des ménages
En ce qui concerne la consommation de gaz, les perspectives
sont particulièrement favorables. Cette consommation devrait s'élever
à 485 milliards de m3 en 2015, soit une augmentation de 44 % par rapport
à 1996 ou de 25 % par rapport à 1991, année où elle a atteint un niveau sans
précédent en Russie. Cette augmentation devrait se produire pour l'essentiel dans
le secteur de la production combinée de chaleur et d'électricité, où
la consommation pourrait pratiquement doubler, sous l'effet principalement de la
progression du chauffage central. L'évolution future fait aussi apparaître un fort
accroissement dans les secteurs résidentiel et commercial; quant au secteur
industriel, il devrait repartir, mais sa part de la consommation totale tombera à
33 % en 2015. Selon la stratégie énergétique de la Russie, adoptée l'année
dernière, l'utilisation du gaz par les petites entreprises locales et par la population
devrait doubler d'ici 2010 par rapport à 1995.
En 1996, la consommation de gaz s'est élevée à 337,3 milliards de m3, soit
une très légère diminution par rapport à 1995 (- 2 milliards de m3).
La consommation intérieure de gaz a baissé dans tous les secteurs au cours de la
période 1991-1996, sauf dans le secteur des ménages et celui des petites
entreprises de services. Une forte diminution a été observée dans le secteur de la
cogénération, où la consommation est tombée de 180 milliards de m3 en 1991 à
138,5 milliards de m3 en 1996. Ce secteur n'en reste pas moins le plus gros
consommateur de gaz, avec 41 % du marché intérieur total.
Nécessité de gros investissements
Pour que les prévisions concernant les exportations se réalisent, l'industrie
gazière russe devra faire l'objet d'investissements considérables. A titre d'exemple,
le projet de Yamal exigera un investissement de l'ordre de 40 milliards de dollars
des Etats-Unis. Le début de la production de ce gisement reste fixé à 2005,
comme prévu à l'origine. En raison du manque de ressources financières, cela peut
paraître trop optimiste. La date de démarrage sera bien évidemment fonction de
la possibilité de disposer des ressources nécessaires et de la participation de
partenaires étrangers.
Possibilités de réaliser des économies dans le transport de gaz naturel
Pour livrer sur le marché toutes les quantités de gaz prévues, il
faudra procéder à d'importants travaux de remise en état et d'amélioration
technique des stations de compression et des gazoducs à haute pression.
La reconstruction et la remise en état des stations de compression existantes et
l'utilisation de matériel efficace pour les nouvelles constructions devraient
permettre de réaliser des économies de gaz naturel qui pourraient atteindre
8 milliards de m3 en l'an 2000 et 12,5 milliards de m3 en 2005.
Les travaux de remise en état seront effectués en deux phases : 1996-2000
et 2001-2015. La première phase sera consacrée aux aspects techniques du
remplacement et de la rénovation des stations de compression et des gazoducs
cependant qu'au cours de la seconde, on s'attachera en priorité à accroître
l'efficacité et la rentabilité du système de transport.
Le rapport de VNIIGAZ est disponible en russe et sera publié en anglais et
en français en tant que document du Groupe de travail du gaz.